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Maurice Lacroix per "La Revue Savoisienne"

L’Histoire à l’Exposition du “baroque” piémontais de 1937: l'articolo di Maurice Lacroix per "La Revue Savoisienne" (1937)

Au cours de l’été de 1937 a eu lieu à Turin et à Stupinigi, une exposition du baroque piémontais. Trois palais du style baroque le plus pur l’ont accueillie : le Palais Madame, le Palais Carignan et aux environs de la grande cité padane, le château royal de chasse de Stupinigi.

Le choix du Palais Madame s’explique assez : sa façade ouest, son double esclier monumental sont dus au plus illustre des architectes « baroques » : Philippe Juvara (1678-1736), le constructeur de la basilique de la Superga, de maintes églises piémontaises et jusqu’au palais immense de Mafra, près de Lisbonne. Dans les salons dorés du Palais Madame, souverains et princesses de Savoie-Piémont ont accueilli du haut de leurs cadres les visiteurs charmés de 1937.

Le Palais Carignan, lui, abritait derrière sa façade en briques du Guarini (1680) l’exposition proprement dite. Dans ses quarante salles – dont l’une a vu naître Victor-Emmanuel II et d’autres ont servi de siège au Parlement sarde de 1848 à 1859, puis de 1861 à 1864 au Parlement italien – on a pu suivre l’évolution du style baroque depuis 1620 jasqu’à la fin du XVIIIe siècle : peintures religieuses du XVIIe siècle, scènes rustiques, scènes de genre du siècle suivant, sculptures sur bois, pièces d’ameublement, argenterie, broderies, tapisseries, reliures : tout l’art piémontais était là.

A côte, des dessins, des esquisses rappelaient la fécondité des architectes classiques de la province : c’est alors la belle époque de l’urbanisme piémontais ; à la croissance de Turin et des villes de la plaine correspond précisément cette pléiade de bâtisseurs. Plans de villes, vues de Turin foisonnaient ici, peints, gravés, reconstitués même en d’amusants dioramas.

Cette exposition présentait encore un réel intérêt historique. D’abord quelques portraits : ceux de Christine de Savoie, par Giovanni Garzoni, prêté par le musée des Offices ; de Louis XIV, beau médaillon en bois provenant de l’hôpital de Pignerol ; de Louis XV jeune et de Charles-Emmanuel III, tous deux de Van Loo. Une photographie de la Sainte-Chapelle de Chambéry rappelait le souvenir de l’architecte Amédée de Castellamonte. Une gravure d’un anonyme représentait le collège de Louis-le-Grand, fondé à Pinerol (sic) et donné aux Jésuites (1684).

Surtout dans les cinq premières salles de l’Exposition revivait l’histoire du Piémont : véritable hymne à la gloire de la Maison de Savoie ; deux pièces de prix évoquaient à l’entrée les fastes et la puissance des souverains du XVIIIe siècle : la riche « peota » que Charles-Emmanuel III se fit construire pour ses promenades sur le Pô, sorte de gondole d’une quinzaine de mètres de long, ornée de dieux et de déesses avec un dais dourge et or, décoré à l’avant de l’écusson de Savoie. Puis l’original du traité d’Utrecht, prêté par l’Archivio di Stato : par cet instrument diplomatique « son A.R. Victor Amé second par la grâce de Dieu duc de Savoie et de Monferrat Prince de Piémont Roy de Chypre » était fait roi de Sicile. Quatre cartes murales marquaient ensuite l’extension du duché d’Emmanuel-Philibert.

Après les pays, le princes : quatre statues accueillaient la foule : Charles-Emmanuel Ier, Victor-Amédée II et Charles-Emmanuel III, par les Collino, Victor-Amédée III. Un arbre généalogique sur verre remontait jusqu’à Emmanuel-Philibert.

Ces princes avaient forgé les instruments de la grandeur du Piémont : l’armée et l’outillage économique. Une série de graphique, d’albums, de documents d’archives le plus souvent en français fixait avec précision le recrutement, la composition, l’armement des troupes depuis Emmanuel-Philibert : régiments d’infanterie d’ordonnance, on remontait par un autre schéma à celle du commandement supérieur de l’armée. Ces officiers, on les connaît grâce à un rôle qui va sans interruption de 1730 à 1785. Des livres de comptes faisaient pénétrer dans la vie de chaque jour des unités. Quelques drapeaux, deux canons savoyards en bronze, ornés de sculptures évoquaient les campagnes victorieuses des Sardes. Ceux-ci se sont signalés au cours des siécles par l’habileté de leurs « ingénieurs ». Aussi, les dessins de fortifications de Turin, d’Exilles, clef de la vallée de Suse, etc., occupaient-ils, dans la rétrospective militaire du Palais Carignan, une place de choix. Les organisateurs avaient même exposé une collection de dessins de la main d’Hercule Negro di Sanfront (1541-1622), une des gloires de ce corps des ingénieurs militaires qui, déclarait le comentaire, de « Paciotto à Bertola donna à la technique piémontaise de l’art de fortifications une primauté européenne ». la bataille de Turin de 1706, appelée « un éclatant example d’héroisme », était dite « décisive pour les destinées de l’Italie tout entière ».

Tandis que Victor-Amédée II – beau portrait d’un inconnu – dominait toutes ces gloires, des inscriptions de la salle voisine rappelaient les progrès économiques dont l’Etat sarde fut redevable à ses princes : défense des orfèvres, amélioration de l’imprimerie, de la soierie. Au début du XVIIe siècle, « par l’intérêt tut spécial de la Maison de Savoie », la fabrication des porcelaines et des majoliques était introduite dans le Piémont. A quelque distance de Turin, on créa une verrerie royale. Tous ces exemples illustrent l’activité bienfaisante des princes de Savoie.

L’éclat enfin de la Cour de Turin, avec ses fêtes, ses ballets pouvait être évoqué dans plusieurs résidences royales : Rivoli au Moncalieri par exemple. Mais le château de plaisance de Stupinigi, à dix kilomètres au sud-ouest de Turin, méritait le choix des organisateurs de l’Exposition pour magnifier l’architecture baroque. Petit Versailles avec sa grille, ses jardins, son parc derrière le château, Stupinigi – aujourd’hui musée du mobilier – redit la grâce des artistes français qui contribuèrent à sa décoration et garde le souvenir du séjour de Bonaparte et de sa sœur Pauline Borghèse.

Telle fut la signification de cette Exposition du baroque piémontais. Outre l’intérêt artistique, elle a attesté la valeur de la dynastie savoyarde aux XVIIe et XVIIIe siècle et montré comment dans l’Italie d’avant la Révolution le despotisme éclairé trouvait sur les bords du Pô un lieu d’élection.

Maurice Lacroix, L’Histoire à l’Exposition du “baroque” piémontais de 1937, in "La Revue Savoisienne", Publication Périodique de l’Académie Florimontane d’Annecy, 1937, Soixante-dix-huitième Année, Annecy, Imprimerie L. Dépollier et C, Éditeurs


1937 - Mostra del Barocco Piemontese


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